Depuis plusieurs années, les alertes se multiplient sur l’état du bâti scolaire. Toitures fatiguées, classes surchauffées, air intérieur pollué… mais personne ne sait vraiment combien d’établissements sont concernés ni à quel point la situation est grave. Le rapport publié par l’Alliance écologique et sociale (AES) pointe ce flou inquiétant et réclame la création d’un véritable Observatoire national du bâti scolaire. Son rôle serait simple : savoir, chiffrer, et enfin agir.
Jusqu’en 2019, la France disposait d’un outil de suivi, l’Observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement. Ses rapports servaient de base à de nombreuses décisions locales. Sa suppression, décidée sans réel plan de remplacement, a plongé le pays dans une forme d’aveuglement collectif. Depuis, chacun fait comme il peut : les communes compilent leurs propres relevés, les rectorats s’appuient sur des données incomplètes, et le ministère de l’Éducation nationale reconnaît ne pas disposer d’un état précis du parc scolaire.
Dans ce flou administratif, des situations parfois critiques passent sous les radars. Certaines écoles contiennent encore de l’amiante, d’autres manquent de ventilation ou présentent des signes d’humidité chronique. Faute d’un cadre national, impossible d’établir des priorités claires ni de répartir efficacement les aides. Les collectivités locales se retrouvent seules à évaluer l’urgence, souvent sans expertise technique suffisante.
L’AES demande la mise en place d’un observatoire public, capable de rassembler les données existantes et de suivre l’évolution des rénovations dans le temps. L’objectif serait d’avoir une vision complète : isolation, consommation énergétique, accessibilité, qualité de l’air, présence de matériaux dangereux. Ces informations permettraient d’identifier les établissements les plus fragiles et de planifier les interventions sur plusieurs années, au lieu de réagir dans l’urgence.
Pour les auteurs du rapport, cette transparence est indispensable. On ne peut pas parler de transition écologique à l’école sans savoir dans quel état se trouvent les bâtiments où apprennent nos enfants. Avant de financer, il faut comprendre. Et avant de réparer, il faut savoir où ça casse.