En Moselle-Est, une alerte retentit depuis plusieurs années concernant la santé des anciens mineurs. Selon plusieurs syndicats, les travailleurs retraités des mines sont 25 fois plus exposés aux maladies professionnelles, notamment les cancers, que le reste de la population. Un facteur majeur de ce phénomène est l’exposition prolongée à des produits toxiques, dont l’amiante. Cette situation alarmante met en lumière l’importance du suivi de l’amiante dans les environnements de travail, ainsi que l’impératif de diagnostics rigoureux pour prévenir de telles tragédies.
L’amiante, un matériau autrefois largement utilisé pour ses propriétés isolantes, est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands dangers pour la santé des travailleurs. Dans le contexte des mines, les anciens salariés étaient exposés à l’amiante sous diverses formes : isolants dans les chaudières, conduites ou joints. L’inhalation de ses fibres a conduit à de nombreuses maladies respiratoires et cancers, souvent des années après l’exposition. Les syndicats ont été frappés par l’ampleur des maladies liées à l’amiante, qui semblent désormais surpasser celles causées par la silice, un autre produit cancérogène. En effet, entre 2017 et 2023, 2 773 maladies de l’amiante ont été reconnues chez les anciens mineurs, contre 2 176 maladies de la silice. Ce triste constat souligne la persistance de ce fléau, malgré les avancées dans la gestion et la prévention des risques professionnels.
Les témoignages d’anciens mineurs, comme celui de Roland Muller, un retraité de 76 ans, illustrent l’ampleur des dégâts causés par l’amiante. Durant sa carrière, il a été constamment en contact avec ce matériau, sans protection adéquate. « L’amiante était partout. Quand on meulait des joints ou réparait des fuites, on respirait forcément des fibres d’amiante », explique-t-il. Les masques de protection étaient une rareté avant 1995, et les risques n’étaient pas toujours bien compris par les travailleurs. Aujourd’hui, Roland lutte contre trois cancers, dont celui des reins, du poumon et du colon, directement liés à son exposition prolongée à ces produits toxiques.
Cet exposé tragique souligne la nécessité impérieuse de prendre des mesures de prévention adaptées. Les anciens mineurs ne sont pas les seuls concernés par ce danger. Partout en France, dans les bâtiments anciens, dans les chantiers de rénovation ou les sites industriels, l’amiante reste une menace persistante. Le suivi des déchets amiantés et les diagnostics amiante (notamment le Diagnostic de Performance Énergétique, ou DPE) sont des outils essentiels pour identifier et traiter les risques d’exposition avant qu’ils ne se transforment en tragédies humaines. Le Diagnostic Amiante (DTA) est ainsi crucial, non seulement pour les anciens sites industriels, mais aussi pour toute structure construite avant 1997, année où l’utilisation de l’amiante a été interdite en France.
Les anciens mineurs victimes de cancers liés à l’amiante sont un triste rappel de l’importance de la gestion des risques liés à ce matériau. Si des mesures adéquates avaient été prises plus tôt, de nombreuses vies auraient pu être épargnées.